− Capacité, pouvoir qu’a un individu de créer, c’est-à-dire d’imaginer et de réaliser quelque chose de nouveau. Faire preuve de créativité, manquer de créativité.
Wikipédia:
La créativité est, — de façon générale —, la capacité d’un individu à imaginer et mettre en œuvre un concept neuf, un objet nouveau ou à découvrir une solution originale à un problème.
Elle peut être plus précisément définie comme « un processus psychologique ou psycho-sociologique par lequel un individu témoigne d’imagination et d’originalité dans la manière d’associer des choses, des idées, des situations et, par la publication du résultat concret de ce processus, change, modifie ou transforme la perception, l’usage ou la matérialité auprès d’un public donné[réf. nécessaire]. »
Opérationnellement, la créativité d’un individu est sa capacité à imaginer et produire (généralement sur commande en un court laps de temps ou dans des délais donnés), une grande quantité de solutions, d’idées ou de concepts permettant de réaliser de façon efficace puis efficiente et plus ou moins inattendue un effet ou une action donnée.
La créativité s’évalue donc — en peinture comme en architecture, en design, en musique, en cinéma ou en mathématiques, dans l’industrie et les services, la médecine ou psychothérapie, l’humour, etc. — par les délais de réponse, la rapidité de production, la quantité de solutions, l’efficacité puis l’efficience et l’originalité (définie comme l’inverse de la banalité).
Origine du mot
Le mot est un calque de l’américain « creativity »[Selon qui ?], néologisme des années quarante, sans aucune connotation artistique. Le mot est apparu en français dans les années cinquante chez les psychologues humanistes (à la suite de la découverte par ceux-ci des publications des travaux d’Abraham Maslow et de Carl Rogers) puis les psychanalystes, puis les psychologues1.
Le mot a été utilisé par Antoine Mollière (1868) dans son Métaphysique de l’art (page 88)2
Adoption du mot en français
Le mot était dans le Supplément (1970) du Grand Dictionnaire Analogique de Paul Robert.
Il a été adopté par l’Académie française au cours de sa première séance de l’année 1971 après une âpre discussion entre Louis Armand — qui avait préfacé L’imagination constructive d’Alex Osborn en 1959 et défendu alors le mot et la méthode du brainstorming — et André Chamson pour lequel le mot « créativité » était une notion creuse, une mode pseudo-intellectuelle qui se démoderait vite.
Dans cette acception première, il s’agissait d’imagination appliquée ou, pour reprendre le titre de la traduction française du livre d’Osborn, d’imagination constructive. Il était construit sur le modèle et le concept de « productivité » : c’était la capacité à créer des idées grâce à l’imagination3.
Georges Rona, le traducteur, précisait alors, dans son avertissement, la distinction qu’il fallait faire d’après lui entre trois types d’imagination :
- L’imagination appliquée : imagination appliquée à la solution de problèmes pratiques d’action ou d’amélioration pratique d’une idée ou d’un objet.
- L’imagination constructive : imagination orientée vers des réalisations concrètes.
- L’imagination créative : imagination orientée vers la création de quelque chose de nouveau4.
C’est ce dernier type spécifique d’imagination créative— que Théodule Ribot appelait imagination créatrice — qui est devenu aujourd’hui synonyme de « créativité ».
Les trois grands sens du concept
Une analyse de contenu de toutes les définitions recensées dégage trois grands sens :
- Acte de créer quelque chose de nouveau,
- Capacité à trouver des solutions originales,
- Volonté de modifier ou de transformer le monde.
Acte de créer quelque chose de nouveau
Le sens commun la définit seulement comme l’acte de créer quelque chose de nouveau.
- Bien que simple en apparence, c’est un phénomène complexe. Il doit être mis en perspective avec la psychologie, la psychologie sociale, les sciences cognitives, l’intelligence artificielle, la philosophie, l’histoire, l’économie, la gestion, la stratégie et bien d’autres sujets.
À la différence de beaucoup de phénomènes de la science, il n’y a pas une seule définition qui fasse autorité. À la différence de beaucoup de phénomènes en psychologie, il n’y a pas de technique standardisée de mesure.
- La créativité est attribuée à des processus cognitifs, l’environnement social et la personnalité. Elle est associée au génie. Certains prétendent qu’elle peut être apprise par des techniques de créativité. Bien que souvent associée à l’art et à la littérature, c’est aussi une part essentielle dans l’innovation et l’invention très utile dans de nombreux métiers.
- L’acte créatif peut être considéré comme le fruit d’une volonté de puiser quelques informations provenant de la mémoire (logique ou irrationnelle) et de les réorganiser d’une manière nouvelle, poussée par l’imagination, l’instinct, l’inspiration, les émotions fortes, voire l’usage de substances générant des endorphines ou tout autre moyen qui pousse le créateur en dehors des « sentiers battus », telle l’absinthe de Rimbaud en son temps. La lecture, comme de nombreuses autres activités demandant un effort d’imagination, peut être un stimulant de la créativité. De nombreuses qualités de l’enfance – telles que l’imagination, la spontanéité, la sensibilité – sont fréquemment associées aux conditions qui favorisent la créativité.
- Approche pratique – Il n’y a toutefois véritable créativité que s’il y a mise en application pratique, la réalisation d’une œuvre. C’est seulement alors qu’on peut parler d’acte créatif et non de simple imagination. Hans Joas parle par contre de la « créativité de l’agir »5. L’expérience n’est pas collectible car elle appartient à l’espace de l’expérience individuelle et non de la connaissance partagée. Mais l’expérience ne pourrait-elle pas prétendre à la dimension de « réalisation » ? Afin de se dégager de cette dualité, des concepts tels que celui de l’expression ou de la création sont bien utiles. En effet, ils recouvrent à la fois l’action et le résultat de celle-ci, sans distinction.
Si le travail de « copie » peut exiger de la rigueur, du soin, le travail de « création » semble faire appel à des circuits neuronaux originaux (schémas heuristiques, croisement de plusieurs cultures, etc.) donnant naissance à quelque chose de totalement nouveau.
L’acte créatif, qualifié aussi d’œuvre de l’esprit, protégée par les lois sur la propriété intellectuelle, reste encore très mystérieux et trouble parfois les personnes créatrices elles-mêmes.
Capacité à trouver des solutions originales
Dans une acception plus large dépassant la seule expression artistique, la créativité peut être considérée comme la capacité d’apporter ou de faire trouver des solutions originales aux problèmes d’adaptation auxquels chaque être humain est confronté. En ce sens, elle devient, en tant que telle, une méthode de résolution de problèmes, comme en négociation ou en médiation où l’inimaginable discussion « entre les parties peut ouvrir la voie à une solution qui semblait impossible… »
Selon la vision classique de la créativité fondée par Joy Paul Guilford (1956) sur le principe dichotomique divergence/convergence, la démarche créative commence par la reconnaissance d’un problème. À partir de là, un processus de divergence s’engage, et finalement se termine, par convergence, dans une nouvelle solution du problème.
Amabile, Lubart, MacKinnon, Ochse, Sternberg, dans la Psychologie de la créativité6 de Todd Lubart « La créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste ». Dans cette définition : « nouvelle » se comprend comme originale et imprévue.
Volonté de modifier ou de transformer le monde
Une analyse factorielle d’un corpus d’une centaine de définitions de la créativité fait apparaître un facteur général de créativité — l’équivalent du facteur général d’intelligence de Charles Spearman— que nous appellerons facteur C et qui est une volonté ou une intention de modifier ou de transformer son environnement, le monde, la perception que les autres en ont, son propre monde intérieur, etc.
Cette analyse est confirmée empiriquement par la primauté donnée à la motivation dans la plupart des études faites sur le processus créatif. Voir en particulier celles de Teresa Amabile
La créativité, si cette analyse est exacte, n’est pas alors du ressort des sciences cognitives mais des sciences conatives. Voir : Les aspects conatifs de la créativité7.
Les grands types de créativité
Certains chercheurs[Qui ?] pensent que la créativité est un concept hétérogène et qu’il y a des types de créativité.
Par exemple, on peut facilement distinguer les types suivants de créativité :
- La créativité artistique
- La créativité littéraire
- La créativité architecturale
- La créativité territoriale
- La créativité stratégique
- La créativité scientifique
- La créativité culinaire
- Etc.
La créativité artistique
La créativité artistique est un versant de la capacité à créer, à imaginer, à innover ; versant qui inclut les arts appliqués, voire les sciences humaines avec les concepts de certains chercheurs comme Winicott.
Exemples : Andreas Gurski, les méthodes d’Hélène Poncet, de Marie Pré.
La créativité en design
Exemples : James Dyson
La créativité architecturale
Le Prix Pritzker qui fait l’unanimité nous fournit un corpus de travail idéal — quasi scientifique — pour analyser ce type de créativité. Exemples : Frank Gehry, Jean Nouvel
La créativité territoriale
Consiste à faire naître un acte créateur au profit du territoire (territoire de projet pour un projet de territoire), par l’association d’acteurs-usagers hétéroclites aux intérêts et besoins en apparence divergents.
Voir les travaux de veille et d’analyse de la plate-forme nationale Créativité et Territoires ainsi que d’accompagnement et de recherche-action de Mathilde Cota et d’Alexis Durand Jeanson au sein de Prima Terra, compilés au sein de l’ouvrage [archive] La vi(ll)e invente ou l’art de fabriquer l’alchimie heureuse et créative des territoires.
Ceci a inspiré des créateurs, des artistes… qui ont créé le mouvement d’art-citoyen “Révolution Sensible [archive]“, cherchant à promouvoir la créativité et la coopération territoriale pour réinventer une certaine économie locale. Un livre-manifeste est né de ces actions expérimentales toujours en cours, depuis 2014…
Il se nomme “Économie Circulaire Créative, vers une révolution sensible [archive]“.
La créativité stratégique
C’est, face à un adversaire intelligent, l’imagination d’une action inattendue qui le surprend et permet de gagner alors que le rapport de force ou la situation ne l’aurait pas permis, ou permet de le faire avec peu de pertes et rapidement (guerre-éclair). Quelques exemples :
- Le cheval de Troie de la mythologie grecque
- La prise de Québec par Wolfe. Un cas d’École de guerre. Après un siège de 3 mois, Wolfe imagine de prendre Montcalm à revers en débarquant de nuit par surprise à l’Anse au Foulon (en amont de Québec). William Howe avec 400 hommes culbute la centaine de miliciens inexpérimentés placés là par Montcalm qui ne s’attendait pas à être attaqué par là.
Cette manœuvre a inspiré McArthur pour la prise de Séoul en débarquant à Incheon.
- La prise d’Aqaba par Lawrence d’Arabie imaginant de passer par le Nefoud pour prendre la forteresse imprenable d’Aqaba.
- Les parties de Bobby Fischer aux échecs.
C’est en général ce type de créativité que les business wargames tentent de susciter. Le cas le plus typique correspondant aux wargames sur carte de Stéphane Goria fondés à la fois sur l’analogie de la bataille et celle du jeu de plateau.
La créativité scientifique
Abraham Moles, dès 1957, lui a consacré un livre : La création scientifique, Kistler, Genève.
Il faut très vite distinguer la créativité propre à la physique (Richard Feynman), de celle propre à la chimie et de celle spécifique à la médecine.
Beaucoup de sérendipité en chimie (aspartame) et en médecine (Viagra).
La créativité organisationnelle
Isaac Getz, Créativité organisationnelle, Vuibert, 2002. (ISBN 2-7117-6987-9) (BNF 38907476)
La créativité sociale
Christophe Mouchiroud de l’Université René Descartes-Paris 5 en a fait un objet de recherches autonome.
La créativité littéraire
La psychanalyse, les sciences cognitives éclairent de plus en plus la thématique (voir références). Un livre sur le sujet est celui de Gabriel Veraldi, prix Fémina 1954, et de Brigitte Veraldi, docteur ès-lettres, Psychologie de la création Denoel, 1972.
La créativité pratique
C’est celle qui permet à l’équipage d’Apollo 13 de s’en sortir avec le bricolage de la « mailbox » sous la direction d’Eugene Kranz.
C’est celle qui correspond à la résolution de problème pratique, mais avec un plus, la résolution créative de problème pratique. Elle correspond à la première définition donnée par Ellis Paul Torrance (en).
La créativité mathématique
Une créativité abstraite, à base le plus souvent d’intuition.
Pour ne prendre que des mathématiciens récents ou des contemporains : Henri Poincaré, Jacques Hadamard, Srinivasa Ramanujan, Paul Erdős, Grigori Perelman, Wendelin Werner (très facilement accessible), etc.
Les techniques de créativité
- La méthode de créativité ASIT
- Le brainstorming par Alex Osborn
- Le Creative Problem Solving par Alex Osborn et Sid Parnes (en)
- Le Design sprint de Jake Knape
- La pensée latérale et les chapeaux de Edward de Bono
- Le challenge-storming8 de Jean-Louis Swiners et Jean-Michel Briet
- Le Jeu du Phénix de Vincent Cespedes
- La synectique de William J.J. Gordon (en)
- La veille créative
- Les matrices de découvertes d’Abraham Moles
- Les business wargames
- TRIZ par Genrich Altshuller
- La bissociation d’Arthur Koestler
- Le Mind Mapping de Tony Buzan
- Les techniques de détour de Guy Aznar
- La théorie C-K de Armand Hatchuel et Benoît Weil9
Processus psychologique
Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (août 2011).
Approche cognitive
La créativité est inhérente à la cognition humaine. La création d’idées, de situations et d’objets s’appuient sur des associations perceptuelles et conceptuelles. Les processus psychologiques principaux sont l’originalité, la flexibilité, la fluidité et l’élaboration. La motivation module les processus créatifs et joue un rôle de relais entre ces derniers et les autres processus cognitifs comme le raisonnement et la résolution de problèmes. Les composantes de la pensée créative sont plus ou moins développées chez une personne en fonction de son style d’apprentissage10.
Les tests de créativité de Torrance permettent d’évaluer l’aptitude à la pensée divergente11.
Approche psychanalytique
Ces processus mentaux ont été théorisés en psychanalyse. De nombreux psychanalystes ont mis en lumière l’économie psychique liée à l’acte créatif.
Didier Anzieu
L’un des auteurs le plus connu est Didier Anzieu12 qui a mis en évidence cinq phases du travail créateur :
- Le saisissement créateur, phase qui peut survenir à la suite d’une crise personnelle,
- La deuxième phase qui, pour le sujet, est une manière de lever un refoulement13,
- La troisième phase constitue le temps de la formalisation, l’artiste donne corps à l’œuvre, le code se matérialise,
- La quatrième phase se rapproche de la dimension plus esthétique, liée à la composition,
- La dernière phase concerne en particulier la capacité de l’artiste à accepter le regard de l’autre, à baisser sa garde pour donner naissance à l’œuvre comme un objet différencié, pouvant être sujet à la critique.
Si ce type de lecture semble a priori, concerner en particulier la créativité artistique, il n’en reste pas moins que ces mécanismes psychiques peuvent se retrouver dans des situations quotidiennes dès qu’il s’agit d’entrer dans une démarche créative.
Donald Winnicott
Pour Donald Winnicott, la notion de créativité peut être comprise comme un processus plus large qu’Anzieu. Il se rapporte à la vie et à l’être. C’est pourquoi il peut dire: « La créativité, c’est donc le « faire » qui dérive de « l’être ». Elle manifeste la vie du sujet. L’impulsion peut être en repos, mais si l’on emploie le mot « faire », c’est qu’il y a déjà créativité »14. Cette notion de « faire » implique que le sujet doit agir et non réagir à l’environnement. La créativité, au niveau de la vie quotidienne, est une action qui est consubstantielle à l’être. Le sentiment de soi est donc fondamental. C’est pourquoi le terme de « créativité » pourrait prêter à confusion. Car, ce processus ne renvoie pas nécessairement à la construction d’un objet extérieur. Mais il s’agit, à l’origine, d’un regard. Car l’enfant développe cette compétence particulière qui est celle de « voir toute chose d’un œil neuf, à être créateur de chaque détail de la vie »15. Pourtant, la créativité ne va pas de soi. Elle n’est pas nécessairement une action spontanée. Elle exige souvent une lutte. On pourrait dire que le bébé, pour Winnicott, doit se battre dès qu’il prend conscience de la réalité extérieure : « le principe de réalité est une sale histoire »16. En effet, la confrontation à la réalité peut amener le sujet dans deux extrêmes. a. La première attitude qu’il peut adopter est celle de la soumission : c’est l’antithèse de la créativité. b. L’autre manière d’agir est celle qui adopte une position omnipotente. Je veux donc avoir le pouvoir sur toute chose. Dans ce cas, on serait plus proche de la créativité, mais avec une forte prédominance destructive. Winnicott (1975), dans son article sur « La créativité et son origine » met bien en évidence l’impact du milieu sur le sujet. Il pourrait même parfois se laisser aller à un certain pessimisme. Si la créativité d’un sujet ne peut pas être anéantie, l’environnement peut, par contre, causer des dommages quasi irrémédiables : “Quand on lit des témoignages d’individus qui ont été réellement dominés dans leur foyer, ou qui ont passé toute leur existence dans des camps de concentration ou encore qui ont subi, leur vie durant, des persécutions politiques, on comprend très vite que seules quelques-unes de ces victimes parviennent à rester créatives et, bien entendu, ce sont celles qui souffrent”17. Winnicott aborde une réalité psychique qui n’est pas sans rappeler la résilience, puisqu’il « ne saurait vraisemblablement y avoir de destruction complète de la capacité de l’individu à vivre une vie créative »18. Quelle que soit la situation et aussi extrême soit-elle, le sujet peut toujours se construire une fausse personnalité qui donnera l’apparence d’une soumission absolue. Mais dans son for intérieur, une vie secrète se dissimulera que l’on pourrait apparenter à une pulsion créatrice. La souffrance par contre sera là. Elle sera l’expression d’un isolement, de l’impossibilité de relier cette force créatrice aux autres. D’un point de vue pédagogique, l’auteur nous met en garde. Chaque système peut donc favoriser ou tuer l’élan créateur du sujet.
Créativité et leadership
Pour le psychologue américain contemporain Robert Sternberg, la créativité et le leadership sont intimement liés. D’une part, la créativité est une forme de leadership et, d’autre part, une des trois composantes du leadership est la créativité19.
Le leadership créatif
La créativité constitue un défi important au sein des entreprises en matière de leadership. Le leadership créatif est nécessaire à l’innovation et à l’adaptation rapide de l’entreprise aux divers changements pouvant survenir dans un environnement concurrentiel et en pleine évolution. Le leadership créatif est donc utile aux leaders, aux équipes, et aux organisations. Sylvie Labelle, consciente de ce fait, a mené une étude sur le sujet20. Cette étude s’est basée sur les questions suivantes :
- Qu’est-ce que la créativité ?
- Les entreprises ont-elles besoin de créativité afin de survivre et de prospérer, spécialement dans les moments de changements intensifs ?
- Les hauts dirigeants jouent-ils un rôle significatif dans la détermination de la performance et du succès de l’entreprise, y compris le niveau de créativité ?
- Comment la créativité se développe-t-elle chez la personne ?
- Quels sont les facteurs clés de la créativité chez un leader organisationnel ?
Un modèle empirique, provenant de dix-neuf entrevues de chefs de file, a été élaboré. Le modèle empirique a été fait en deux parties :
- un modèle général du processus d’apprentissage de la créativité : selon ce modèle21, “en chaque être humain existe, de façon minimale, une créativité latente ou qu’il existe des ressources qui vont permettre le développement de la créativité. Ces talents sont des traits de caractère et de personnalité, l’éducation reçue et les sources physiques, telles que les livres, les revues et la publicité.”
- un modèle d’apprentissage de la créativité chez le leader organisationnel : ce modèle est bâti autour de deux axes. L’axe principal est un leader – leader créatif. L’autre axe est un intrant de ce dernier[Quoi ?]. On s’aperçoit que les “activités spécifiques de développement de la créativité” sont communes aux deux axes.[évasif]
Résistance à la créativité
Alors qu’il est de bon ton, parmi les cadres, les professionnels en général ou dans tout milieu où l’on collabore avec d’autres, de se déclarer favorable à la créativité, des études montrent qu’en pratique, les idées créatives sont souvent rejetées au profit de méthodes anciennes, « éprouvées ». En somme, quoi qu’on en dise, la préférence va généralement au conformisme et à l’uniformité22. Cette tendance a été confirmée par des tests à l’origine conçus pour évaluer le racisme. Alors que la plupart des gens affirment spontanément rejeter tout racisme, ces tests révèlent souvent des pensées et attitudes racistes inconscientes. Il en va de même de la créativité, publiquement désirée mais en réalité accueillie avec méfiance.
La raison à cela est que les idées nouvelles bousculent la routine, l’ordre établi, et créent une certaine insécurité. Quand « on a toujours fait ainsi », chacun connaît son rôle et les processus sont familiers, voire automatiques. La nouveauté étant synonyme d’inconnu, elle éveille des craintes. Or, il s’avère que plus une personne se sent incertaine face à une proposition innovante, plus elle aura tendance à juger celle-ci négativement et moins elle sera en mesure de reconnaître son caractère créatif. Le risque étant inhérent à la créativité (la nouvelle idée est-elle réalisable ? comment ? est-elle pratique ?), les cadres préfèrent généralement perpétuer l’ancien (souvent mis en place par d’autres) plutôt que de faire face à l’échec d’une idée nouvelle23.
Selon une étude, un placebo pourrait augmenter la créativité en permettant aux personnes de s’autoriser à être créatifs ou en les faisant se sentir compétent. L’équipe de Rozenkrantz et al. (2017) avaient fait sentir un flacon et 50% de l’échantillon s’était fait dire que l’odeur était censée augmenter la créativité24[source secondaire nécessaire].
Créativité et folie
Certains auteurs comme J. Philippe Rushton, Philippe Brenot et Kay Redfield Jamison ont cherché à établir un lien entre création artistique et littéraire et folie. Cette créativité se rapprocherait ainsi de la psychose par le fait qu’elle met en jeu les mécanismes de déficit d’inhibition latente ou d’apophénie. Récemment, Elie Hantouche et Régis Blain ont mis en exergue le lien existant entre les alternances de l’humeur (la cyclothymie) et la créativité.
Ce rapprochement s’appuie aussi sur le fait qu’un certain nombre d’artistes (en fait statistiquement très peu) ont eu des problèmes psychiatriques à un moment ou un autre de leur existence :
- des écrivains Gérard de Nerval, Guy de Maupassant, Charles Baudelaire, Virginia Woolf, Ernest Hemingway ;
- des peintres Vincent van Gogh, Richard Dadd, Dora Maar ;
- le musicien Robert Schumann…
- des « architectes » : Louis II de Bavière, le facteur Cheval
En 2009, un rapport de recherche établit une relation entre un marqueur génétique (neuregulin 1 gene SNP8NRG243177/rs6994992) impliqué à la fois dans la manifestation de la schizophrénie et dans la créativité chez des personnes de haut niveau intellectuel et académique25.
Toutefois, en 2013, une étude scientifique prouve une relation non bijective entre la créativité et certaines formes de troubles bipolaires. En fait, les personnes présentant ces troubles sont surreprésentés statistiquement chez les personnes créatives, sans qu’il soit toutefois possible de savoir si la bipolarité contribue à la créativité ou bien si être créatif dans un monde globalement conservateur provoque des troubles bipolaires26.
Annexes
Articles connexes
- Business wargames.
- Brainstorming.
- Innovation.
- Intelligence.
- Travail collaboratif.
- Imagination active.
- Invention (technique)
- Sérendipité.
- Art.
- Beaux-arts.
- Arts plastiques.
- Arts et métiers .
- Apprentissage.
- Éducation.
- Multipotentialité
- Originalité
- Savoirs.
- Savoir-faire.
- Pluridisciplinarité.
- Transdisciplinarité.
- Veille créative.
Bibliographie
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- Mathilde Cota et Alexis Durand Jeanson, La Vi(ll)e invente ou l’art de fabriquer l’alchimie heureuse et créative des territoires, Prima Terra Éditions Libres, 2014.
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