Nous sommes tous un ensemble d’histoires qui finissent par se transformer en expériences de vie. Certaines sont bénéfiques et d’autres moins mais, quoiqu’il en soit, nous pourrions nous définir en trois grandes périodes.

_ Notre histoire passée : celle que nous avons vécue et qui a défini notre caractère.

_ Notre histoire présente : celle que nous vivons en société et qui définit notre personnalité, pour ne pas dire notre être social.

_ Notre histoire future : celle que nous aimerions écrire et qui est un mélange d’ambition, de projections et de rêves.

C’est justement sur cette dernière que j’aimerais vous interpeller. Une partie d’entre nous essaie de transformer cette « histoire future » en réalité, alors que d’autres la refrènent car elle nécessite un investissement de tous les instants. Evoluer en dehors de sa zone de confort n’est pas simple pour tous et se projeter aisément l’est encore moins. Malgré tout, lorsque vient le sommeil et que l’on ferme les yeux, il nous est plus facile de la quitter et d’en visualiser les résultats.

Les rêves permettent la création de passerelles entre les idées les plus folles et les actes les plus ambitieux

Le sommeil est un état qui nous permet de faire les connexions improbables et inconscientes entre les différentes zones de notre cerveau. Celles-ci communicant dans toutes les directions, elles facilitent la création des rêves et le développement de leurs contenus. Les rêves ne tiennent compte ni de la cohérence ni du bon sens ou encore de la chronologie. Ils mélangent tout ce que nous refusons d’associer de manière consciente lorsque nous sommes éveillés.

On entend souvent dire qu’il faut libérer sa créativité, c’est d’ailleurs le titre d’un excellent livre sur le sujet. Ceci dit, l’un des rares moments où votre cerveau est débarrassé de toutes contraintes et qu’il est comme « libéré », c’est pendant la phase de sommeil. Vous êtes comme mis à nu, loin des postures sociales et seul face à un enchainement d’idées qui se brassent en mêlant tout ce qui constitue votre être le plus sensible.

Nous rêvons quotidiennement car cela fait partie du cycle de la vie et personne ne remettra en doute la nécessité de produire des rêves. Cependant, certains rêves sont redondants et sont capables de nous inspirer des projets, voire des vocations. Combien de fois avons-nous entendu des personnes s’exprimer en commençant sa phrase par : « Je rêve de devenir…»

Offrez-vous la possibilité de croire en vos rêves

Le rêve est employé dans notre langage courant pour exprimer le plus souvent une envie qui nous tient profondément à cœur. Pour beaucoup c’est aussi le moyen de repousser la possibilité de se réaliser. Manque d’envie, peur de l’échec ou de la réussite, les raisons sont nombreuses mais avant tout personnelles.

« J’aimerais un jour aller dans l’espace, mais bon, on peut toujours rêver ! »

Choisir une destination toujours plus lointaine est caractéristique de ceux qui ne veulent pas se donner la chance à laquelle ils ont le droit. Jusqu’au 20e siècle, on citait la lune pour son inaccessibilité, aujourd’hui c’est Mars, demain ce sera un autre système solaire. Il arrive que l’on exprime à haute voix notre manque de confiance en soi ou de motivation à réaliser un rêve, alors on cite volontiers un corps céleste comme objectif.

Le rêve peut s’intégrer à votre mode de vie

En ce qui me concerne, je rêve depuis ma naissance. Je faisais des graffitis sur les lits superposés, les murs, les cahiers et tout ce qui passait sous ma main. J’avais cette envie de fixer sur différents supports les nombreuses visions qui ne cessaient de me parvenir. Mes parents n’étaient pas plus alertés que ça par ce mode de communication. A l’époque, on accordait facilement aux enfants le droit de s’exprimer ainsi, en concédant que cela faisait partie du cycle de leur mode d’expressivité.

Pourtant, en grandissant, mes modes d’expression n’ont pas vraiment évolué mis à part le fait que je me contente maintenant de carnets et de toiles pour imprimer une idée. Mais ces idées d’ou viennent-elles vraiment ? Pour la majorité d’entre elles, de mes rêves et surtout de cette période d’activité où mon cerveau n’est plus sous contrôle.

Durant la journée, nous accumulons des données de toutes natures, au point que notre cerveau vienne à saturer parfois. Au moment où nous arrivons enfin au stade du sommeil, comme je l’ai dit précédemment, tout s’entremêle et de cet agglomérat émergent des histoires. Elles sont un mélange de notre vécu, de nos aspirations et de nos fantasmes aussi.

Les rêves sont un peu comme une ligne directe avec notre être le plus profond, le plus secret. Dans une récente interview avec le photographe Patrick Peter, nous apprenions que des symphonies se jouaient dans son esprit pendant la nuit. Cette révélation m’avait alors marqué car elle nous concerne tous.

Nous avons tous, à un moment ou un autre, effectué des rêves avec plus ou moins de précision au sein desquels des événements déterminants se mettaient en place. Plus jeune, je me rêvais dans un atelier peignant et dessinant sans relâche. Aujourd’hui c’est le cas mais cela ne s’est pas fait en une nuit. Les rêves ne connaissent pas l’unité de temps, ils vous donnent parfois des directions mais c’est à vous de les suivre ou non.

Développer une énergie positive pour établir son rêve dans la réalité est une toute autre affaire. Quand bien même la presse raffole de « storytelling » et nous confronte à des réussites extraordinaires, il est important de sortir de l’illusion de réussite immédiate. Les plus grands rêves ne se réalisent pas de manière instantanée, ils sont la synthèse d’une succession d’événements personnels assimilés pendant une période indéterminée.

Apprenez à combiner et à assimiler vos pensées

Si vous gardez le souvenir d’une succession de rêves, sur une période d’un mois voire d’un an, prenez des notes et apprenez à percevoir les messages récurrents de vos rêves.

_ Etes-vous toujours au même endroit ?

_ Etes-vous toujours avec les mêmes personnes ?

_ Effectuez-vous toujours les mêmes actions ?

_ Comment êtes-vous habillé ?

Voilà le genre de questions à se poser avant d’entrer dans une analyse approfondie de vos rêves. Ce questionnement vous mettra sur la piste des messages que votre cerveau (ou votre moi intérieur ?) tente de vous transmettre. Par la suite, combinez ces rêves pour essayer d’en dégager une idée assez forte pour la développer. Vous rêvez d’être en voyage lundi, de diriger des hommes et des femmes le mardi, pour finalement vous voir à l’étranger le dimanche. Toutes ces activités ne sont pas incompatibles et peuvent rejoindre un objectif plus vaste. Le plus important c’est de garder en tête que vous n’êtes pas dans une démarche de diseuse de bonne aventure. Si vous commencez à douter du pouvoir suggestif des rêves et de leur rôle dans notre vie quotidienne, vous allez les sous-estimer et vous laisser tenter par l’abandon.

Pour les esprits les plus sceptiques, il suffit de se concentrer sur l’idée que nos rêves ne sont qu’un moyen d’expression de notre ambition. On ne doute jamais d’une personne ambitieuse, par contre on cherchera toujours à déstabiliser une personne en la qualifiant de rêveuse. Ne dit-on pas pour calmer l’enthousiasme des plus visionnaires :

« Arrête de rêver »

J’ai tendance à pratiquer l’inverse en me disant qu’il faut s’accorder le droit de rêver. C’est le seul acte qui nous permet d’accéder à la partie la plus intime et la plus cachée de notre être. En cherchant à accorder de la place à vos rêves, c’est un peu comme si vous vous autorisiez à vivre et à exister dans une autre réalité, sans masques sociaux et sans détours. Les nombreuses connexions pendant le sommeil permettent, entre autre, de vous libérer des entraves de la société et de penser plus logiquement que l’on ne le pense. Les inventions comme le four à micro onde apparaitrait comme de la magie pour une personne qui n’aurait jamais vu un four. Imaginez qu’une personne au début du 19e siècle se soit dit :

« Je rêve du jour où la nourriture sera prête en cinq minutes »

Et qu’on lui ait répondu :

« Arrête de rêver et va chercher du charbon pour le poêle »

Vous voyez comme de nos jours cette situation est risible. Je pourrais effectuer la même démonstration avec de nombreux objets du quotidien mais nul besoin de s’étendre sur de telles évidences.

Les rêves sont aussi de formidables incubateurs culturels

Le rêve est surtout un précieux carburant pour l’inspiration, ce qui nous permet de mettre en place des univers, des inventions, des événements où seul le « terreau culturel » limite la production d’idées. Si vous n’allez pas à la rencontre de livres, de lieux, de personnalités différentes, vos rêves seront limités. Ils composeront avec votre patrimoine culturel et ce que vous avez ingéré de manière inconsciente. Quand on connait le temps moyen que les français accordent à la télévision, nul doute que beaucoup rêvent de devenir stars de cinéma, de la chanson ou encore présentateur télé.

Si vos rêves sont remplis de paillettes et de fan club, faites un test assez simple et opérez une forme de jeûne télévisuel. Ne regardez plus la télévision pendant quelques jours et vous serez surpris de la nature de vos rêves. Le cerveau est une machine formidable quand il est mis au service de l’homme mais en tant qu’éponge pour programmes stériles il devient un mécanisme stupide. L’importance de la télé-réalité dans l’imaginaire des jeunes est beaucoup plus important qu’il y a dix ans, car l’espace accordé à ce type de programmes a profondément pollué la notion de réussite, par exemple.

Pour de nombreux enfants et adolescents, la réussite passe dorénavant par un nombre de suiveurs sur les réseaux sociaux et la capacité d’un public à parler de vous. Dans les lycées, les jeunes rêvent d’être populaires et d’une notoriété basée sur le nombre de photos les mettant dans les situations les plus « cool ». Demandez leur ce qu’est un académicien, pour rire…

Je n’aurai pas le fameux discours du « c’était mieux avant », je constate comme tout le monde qu’en fonction de la nourriture culturelle que l’on ingère nos rêves prennent plus ou moins de consistance.

En 1969, les spectateurs se sont figés devant leur écran pour découvrir les premiers pas de l’homme sur la lune. Il s’en est suivi toute une culture spatiale et un imaginaire collectif décuplé. Nous étions des millions à voir le premier homme s’élancer depuis la stratosphère en 2012. Qui sait ce que ces images ont pu générer dans les rêves de millions de personnes qui ont assisté à cette scène.

L’incubation, une étape aussi importante que le rêve en lui-même

Comme nous l’avons vu, avoir des rêves est à la portée de tous mais, comme je l’ai écrit précédemment, ceux-ci n’obéissent pas à des lois temporelles. Aussi bien pendant le rêve que pour le réaliser, la notion de temps n’est pas à prendre à la légère. Si pendant votre rêve vous êtes dans une situation anachronique cela aura autant de sens que d’être avec une personne disparue. C’est juste que l’interprétation n’en sera que plus complexe.

Cependant, j’aimerais insister sur une réalité, à savoir la période d’interprétation du rêve. L’incubation est une phase très connue du processus créatif, mais ce que l’on dit moins c’est qu’en dehors des industries qui exigent de vous un résultat immédiat, il existe des corps de métiers où l’incubation se compte en années, sans que cela ne choque personne. Réalisateurs, artistes, musiciens, écrivains, tous ont besoin d’ingérer une grande quantité d’infos et de les digérer avec le temps. Le rêve fait à tel point partie du processus créatif que l’on cite volontiers l’auteur Robert Louis Stevenson. Celui-ci expliquait qu’il rêvait ses histoires avant de les écrire et cette situation est bien connue des créateurs.

Par exemple, savez-vous quel est le point commun entre James Cameron et le créateur du jeux Candy Crush ? Le temps. Ils ont tous les deux mis des années à voir leur vision se réaliser. Le créateur du jeu aux sucreries a mis dix ans à le mettre en place. Concernant James Cameron, le script de son film « Avatar » est né en 1994 mais la technologie n’étant pas disponible il a dû attendre 2005 pour le réaliser.

Malgré tout, l’une des anecdotes les plus marquantes vient de la mère de James Cameron. Celui-ci nous apprend que c’est sa mère qui, au cours d’un rêve, a visualisé une femme bleue de plus de trois mètres, des années avant l’écriture du scénario. En partant du rêve de sa mère, il a alors commencé à réfléchir à des habitants géants, évoluant sur une planète lointaine. Quand on interroge James Cameron, il n’hésite pas à donner les sources d’inspiration pour ses films. Celui-ci l’avoue sans peine, « Avatar » est une succession de rêves, d’envies et d’idées qui se sont libérées en même temps pour délivrer sa vision du film. Si vous voulez en savoir plus sur James Cameron et sa manière d’aborder la question du rêve cliquez ici (et, petit détail, c’est dans la langue de Shakespeare sans sous-titres)

L’effet wow, ou l’ingrédient magique

Votre rêve originel, pour ne pas dire déclencheur, était si impressionnant que vous avez passé les dernières années à l’enrichir, le développer et le rendre crédible. Mais voilà, il manque un je-ne-sais-quoi et vous n’arrivez pas à mettre la main dessus. Vous vous êtes persuadé que tous les éléments y étaient, pourtant vous restez bloqué sur un point. Et s’il s’agissait en fait de la magie ? Vous savez, celle qui vous a motivé à prendre tous les moyens nécessaires pour le réaliser.

Le plus difficile quand on s’applique à réaliser un rêve c’est quand celui-ci prend la forme d’un projet d’entreprise, par exemple. C’est quand il manque quelque chose qui vous distingue des autres. Beaucoup parleront de valeur ajoutée, moi je parlerai plus simplement d’enchantement. Cette espèce de sensation qui traversera n’importe qui et lui laissera une impression si positive qu’il n’aura qu’une envie c’est de revenir. Dans le domaine du Design, on intègre souvent dans des projets censés représenter l’image de marque cette dernière ligne au cahier des charges. Elle se compose d’une expression le « wow effect », autrement dit ce que l’on vous demande c’est de trouver le moyen de toucher au cœur le spectateur.

Prototype automobile, montre de luxe ou tablette tactile, tous ces produits intègrent le « wow effect » pour devenir iconiques. Apple l’avait initié avec la fameuse expression : « one more thing » pendant les présentations mondiales appelées Keynote. Elle l’utilise depuis sous différentes formes : qui n’a pas été marqué par la présentation du MacBook Air sortant d’une enveloppe ?

Comment travailler avec ses rêves de manière concrète ?

1 _ Jeûne télévisuel

Une des premières solutions serait d’effectuer une sorte de jeûne télévisuel. Il est relativement important de faire fonctionner son imaginaire avec les images déjà stockées dans nos esprits. En affaiblissant votre taux d’émissions télé, vous éloignez les probabilités de rêver de vous retrouver à Los Angeles avec les « chtis ». Non pas que ce programme hautement culturel n’ait pas le potentiel de vous transposer dans un décor inspirant, disons simplement que votre cerveau peut vous amener dans des réflexions et des lieux bien plus riches, en évitant des programmes de ce type.

2 _ Sauvegardez vos rêves à l’aide d’un carnet de notes ou d’un enregistreur audio

N’hésitez pas à enregistrer à chaque réveil vos premières impressions, ainsi vous aurez la possibilité d’y revenir plus tard en toute tranquillité. Ne cherchez pas dans un premier temps à rentrer dans les détails et focalisez-vous sur une vue d’ensemble. Puis essayez de détailler les sentiments, les sensations ou les images les plus fortes que vous avez perçus.

3 _ Ne jetez rien, exploitez toutes vos idées, surtout les plus folles

Si vous avez rêvé d’une situation dans laquelle vous étiez en train de chanter avec un artiste défunt, ne jetez pas cette idée à la poubelle sous prétexte qu’elle est irréalisable. L’intérêt même du rêve est là. Récemment (en 2012) nous avons pu voir 2Pac en concert alors que celui-ci est mort depuis longtemps. Comment ? Grâce à une technologie de projection d’image qui permet de diffuser une image tridimensionnelle de n’importe quel individu sur scène.

3 _ Acceptez l’idée de faire des siestes

Les siestes sont elles aussi génératrices de visions et ont cette particularité d’être limitées dans le temps. Vous pourrez avoir la chance d’augmenter les possibilités d’obtenir des images. Le contenu de vos nuits subira une forte influence de la nature de ce que vous avez ingéré avant de vous endormir.

4 _ N’ayez pas peur de vos rêves

Certains de nos blocages sont enfouis dans différentes zones de notre cerveau. Les rêves, dans leur rôle de « mixeur d’idées », peuvent autant les libérer que les alimenter. Malgré tout ne vous bridez pas sous couvert d’un mauvais rêve, d’autres s’en chargeront pour vous. Les seuls risques que vous encourez à exploiter vos rêves c’est de vous attacher à les réaliser.

5_ Travaillez sur le long terme

Notez sans relâche et n’oubliez pas que l’un des principes du développement créatif passe par l’acharnement. S’il vous vient un jour l’envie de tout arrêter et d’abandonner vos rêves, souvenez-vous que c’est aussi grâce à votre inaction que les rêves des autres se réalisent. Quand vous ne participez pas à une compétition, à un concours ou que vous décidez de ne pas provoquer votre chance, ce sont autant d’opportunités manquées que de tentatives avortées de réaliser vos rêves.

6 _ Présentez vos rêves à d’autres personnes

Proposez vos rêves à différentes personnes de votre entourage sans leur indiquer qu’il s’agit du vôtre. Par exemple, vous avez fait un rêve où vous étiez en pleine ascension d’une montagne ou dans une situation qui ne vous correspond pas habituellement. Demandez leur ce qu’ils feraient s’ils avaient fait un tel rêve. Demandez leur de se mettre dans la position du rêveur. En agissant ainsi, c’est comme si vous ouvriez une porte qui mènerait sur un couloir qui en compterait plusieurs. Vous allez multiplier les interprétations et celles-ci déboucheront vers de nouvelles pistes qui vous permettront de nourrir votre réflexion.

Pour conclure, je me permettrai d’ajouter ceci :

Les rêves ont cette particularité de s’imprimer dans nos esprits

comme l’empreinte d’un moment qui ne demande qu’à exister.

Alors, qu’attendez-vous ? N’avez-vous pas un rêve qui pourrait se transformer en une brillante idée ?

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