Ma démarche de cabinet de curiosité(s) invite évidemment à la curiosité mais aussi offre au public une image à un instant T du chemin parcouru dans le cadre de ma recherche artistique, et de mon voyage intérieur et imaginaire. Aussi n’est-il pas surprenant d’entendre de-ci delà, “Oh! Il y en a partout”, “On ne sait pas où regarder tellement il y a de choses”, “C’est surprenant”…
C’est ainsi que buste en plâtre, pendules, miroirs, sculptures en raku, oiseaux, fleurs, papillons, collages, peintures, carreaux d’art en grès ou en faïence, dinette, dragons et autres chouettes se côtoient dans un joyeux désordre organisé dans un petit espace confiné, insolite et hétéroclite sous 3 m de plafond!
Ce “titre” (Cabinet de curiosité(s)) se justifie également du fait de se trouver en plein cœur du vieux Morlaix, juste à gauche de la maison la plus ancienne de Morlaix: “La maison dite de la reine Anne” – datant de 1530 en pleine renaissance
J’ai choisi d’intituler mon atelier boutique “cabinet de curiosités” suite à ma visite de l’exposition à Landerneau qui se termine le 03 Novembre 2019, en raison du foisonnement que l’idée suscite, et de l’édifiante similitude entre ce que l’on y trouvait à la Renaissance faisant aussi référence à certains céramistes dans l’accumulation de fatras qui demande d’exploiter tout l’espace! Et encore tout n’est pas encore là puisque les objets insolites partent petit à petit et que certains ne sont pas encore crées. Toujours est-il que les références à l’anatomie (moulage en plâtre et bustes…), Miroirs, horloges, sculptures imaginaires, spectre animalier, insectes, faune, flore et collections sont ici représentées au 35 rue du Mur. Un clin d’œil également à la maison “dite ” de la duchesse Anne, ma voisine datant de cette période ou la noblesse intégrait les villes pour le commerce du lin…
Ci dessous, un article que vous retrouverez sur ce lien: https://weekend.lesechos.fr/culture/expositions/0601391464442-arts-la-folie-des-cabinets-de-curiosite-2273399.php
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Arts : la folie des cabinets de curiosité
Pierre de Gasquet / Grand Reporter Les Echos Week-End | Le 14/06 à 05:00, mis à jour à 09:44
Les chasseurs de chimères et d’incongruités en tout genre ont rendez-vous cet été à Landerneau. Le labyrinthe de cabinets de curiosités installé au Fonds Leclerc invite à plonger dans cet univers foisonnant, apparu à la Renaissance, que nombre d’artistes contemporains se réapproprient aujourd’hui.
Son antre ressemble à la caverne secrète d’un boulimique assoiffé d’insolite. Une fois franchi le seuil de son appartement de la Nouvelle Athènes, à Paris, on reste sous le choc. Assommé par ce tsunami d’objets exotiques, on cherche, en vain, un coin de siège libre dans ce salon-jungle bourré d’horloges et de miroirs incrustés, de niches à reliques nacrées ou de diablotins mystérieux. Un condensé de « curiosités » dans toute sa splendeur.
Ancien disciple de Roland Barthes, – il a suivi son séminaire aux côtés d’Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner et des frères Bogdanov -, l’éditeur-écrivain Patrick Mauriès est un modèle de modestie. Et pourtant, ce passionné de littérature et de mode, auteur d’un livre-référence sur l’univers des cabinets de curiosités (1) est, à son échelle, l’archétype du « regardeur » éclairé, dans la lignée des grands défricheurs Nicolas Pereisc ou Elias Ashmole.
« Je suis tombé par accident dans les cabinets de curiosités à travers le maniérisme. Ce n’était pas du tout à la mode à l’époque », confie ce vrai-faux dandy, qui vit au milieu des « créatures » de ses amis artistes : Denis Polge, Martine Goossens, la parurière Line Vautrin, surnommée la « poétesse du métal », ou la créatrice de faunes et de licornes Janine Janet. « Vu ma filiation avec Barthes, ce qui m’intéresse, ce sont les mythologies, ce qui fait symptôme de l’époque », explique le fondateur de la maison d’édition Quai Voltaire.
Pourquoi ce nouvel engouement pour les cabinets de curiosités ? « C’est la nostalgie du monde naturel chez les citadins : le règne de la nature a pris une connotation étrange. Et puis, cela coïncide aussi avec l’explosion du monde numérique. On a un peu la nostalgie des classes de sciences naturelles au moment où le numérique s’impose », avance-t-il.
Du studiolo à la wunderkammer
Pour Patrick Mauriès, le vrai « regardeur » ne s’intéresse pas seulement à la rareté, d’origine ou de facture, mais aussi à l’incongru, à la limite de l’aberration entre les deux « règnes » qui partagent la création : celui de l’art (artificialia) – la catégorie des objets créés par l’homme – et celui de la nature (naturalia). On y recherche autant le tour de force artisanal que l’accouplement de l’insolite et du monstrueux.
Au xvie siècle, une des raisons d’être du cabinet de curiosités naît de la quête anxieuse d’une continuité entre l’art et la nature, une « volonté de syncrétisme qui s’accomplit dans le goût du bizarre et du monstrueux ». À vrai dire, le goût du bizarre a toujours existé, mais il est plus ou moins développé selon les époques.
Les premiers cabinets d’étude et de curiosités naissent à la fin du xve siècle en Italie du Nord, sous le nom de studioli. De dimension modeste, ils sont destinés à l’usage du prince et de ses amis. Les plus importants sont ceux de Pierre de Médicis ou de François Ier de Médicis à Florence, ou de Federico da Montefeltro à Urbino. Ils sont suivis par l’arrivée à Munich des kunstkammern, de dimensions beaucoup plus vastes. Avec ses requins suspendus au plafond, le château d’Ambras de Ferdinand de Tyrol, frère de Charles V, près d’Innsbruck, devient le modèle de la wunderkammer (chambre de merveilles) en Europe du Nord.
Au xviie siècle, parmi les objets fétiches traditionnellement requis, figurent la défense de licorne, la mandragore, l’oiseau de paradis, le corail ou le bézoard… Mais la vogue des hybrides, des embryons de crocodile, des visages de cire modelés sur des masques mortuaires ou… des têtes de bébés hydrocéphales en bocal bat aussi son plein. L’empereur Rodolphe II devient l’archétype du collectionneur sans limites.
Précurseurs des grands musées
Pour Walter Benjamin, le collectionneur de curiosités est comme un « vieillard enfant ». Il n’éprouve pas de plaisir plus intense que celui de manier, de caresser un objet rare, de choisir son emplacement. Au fil du temps, le cabinet de curiosités se démocratise. Il n’est plus réservé aux princes ou aux aristocrates, mais se propage aux cercles des marchands et des savants et intellectuels. « Au xviie siècle, il s’est créé une espèce d’internationale de collectionneurs qui s’intéressaient aux objets-témoignages de civilisations méconnues et aux objets relativement uniques en raison de leur virtuosité d’exécution. Il y avait un mélange de rareté scientifique et artistique », explique Patrick Mauriès.
On y retrouve des hommes de science (médecins, apothicaires…) tels que Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, en France, l’Italien Ulisse Aldrovandi, à Bologne, ou le mélancolique archiduc d’Autriche Ferdinand de Tyrol et son importante collection du château d’Ambras. « Ces esthètes-scientifiques s’écrivaient, se visitaient les uns les autres. » En Angleterre, sir Thomas Brown et Elias Ashmole, franc-maçon alchimiste, antiquaire et astrologue, qui a créé son musée de curiosités à Oxford, The Ashmolean Museum, dominent la scène.
Un autre grand collectionneur de curiosités plus tardif, sir Hans Sloane, va donner naissance au British Museum en 1759. Les cabinets de curiosités tombent en désuétude au xviiie siècle avec la création des premiers musées artistiques et du Muséum d’Histoire naturelle. « Le cabinet a disparu car il mélangeait des choses qu’il fallait au contraire séparer ou classifier », résume Patrick Mauriès. De fait, le cabinet est l’ancêtre du musée. À partir de 1836, on assiste à un « dressage de la curiosité » : l’éclectisme et le goût pour le bizarre sont bannis. Le modèle de référence devient celui du cabinet du roi conçu par Buffon. Fini les mystifications.
« Certains des objets ont fini au cirque Barnum à la fin du xixe siècle, comme, par exemple, ce que l’on croyait être la momie de la sirène des Fidji, explique Patrick Mauriès. Jusque-là, les grands cabinets de curiosités se devaient d’avoir ces momies de sirènes. Les marins étaient malins : ils prétendaient ramener des Indes ces fameuses momies qui étaient en fait des têtes de marmouset [petit singe] raccordées à des corps de petit squale desséchés. » Le cabinet finit dans les foires.
Le tournant du surréalisme
Le surréalisme marque le retour en force des cabinets de curiosités au xxe siècle. Le culte de l’incongru reprend ses droits. « Etrangement, personne n’associerait Marcel Duchamp au cabinet de curiosités. Et pourtant, par son geste fondateur du ready-made, il nous a ouvert le monde comme un immense cabinet de curiosités. On ne regarde plus un objet comme avant depuis Marcel Duchamp », explique le directeur du musée Picasso, Laurent Le Bon, commissaire de l’exposition au Fonds Hélène et Edouard Leclerc de Landerneau.
À partir de 1991, la nomination de Jean-Hubert Martin (grand concepteur des expos « Paris-Berlin » et « Paris-Moscou » au Centre Pompidou) au château d’Oiron inaugure une nouvelle forme de retrouvailles avec l’art contemporain. Le côté montage et juxtaposition du cabinet intrigue de plus en plus d’artistes. Parmi eux, l’Américain Mark Dion, la Française Sophie Calle, mais aussi les frères britanniques Jake et Dino Chapman plongent dans l’univers des animaux taxidermisés ou des hybrides…
De Marcel Duchamp à Damien Hirst
« Aujourd’hui, il y a une espèce de folie du cabinet de curiosités dans le monde contemporain, à commencer par les artistes (Sophie Calle, Miquel Barceló, Mark Dion…) qui ont de plus en plus souvent un cabinet chez eux. »
Pour lui, le pape du genre, à la double casquette de collectionneur et d’artiste, c’est Jean-Jacques Lebel. Son père, Robert Lebel, était le plus grand spécialiste de Marcel Duchamp. Mais il y a aussi l’artiste britannique Damien Hirst, lui-même grand collectionneur de papillons et d’insectes. « Les cabinets de curiosités ont fécondé l’art contemporain. Après trente ans de règne du minimalisme, il y a un vrai engouement pour cet univers de mondes bizarres et bigarrés. »
« Contrairement à ce que l’on croit, le cabinet de curiosités, ce n’est pas le chaos : au contraire, c’est une tentative de lecture du monde », insiste Laurent Le Bon. « La différence entre la brocante ou le vide-grenier et le cabinet de curiosités, c’est la mise en ordre, le classement ou la taxinomie [science de la classification]. Le microcosme qu’est le cabinet de curiosités nous aide à lire l’infinie richesse des ressources naturelles et artificielles qu’on n’arrive jamais à appréhender. On a tous en nous un cabinet de curiosités », ajoute Laurent Le Bon.
Montaigne va même plus loin dans De la solitude : « Il
faut se réserver une arrière-boutique, toute nôtre, toute franche, en
laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et
solitude », écrivait-il. En ce sens, le cabinet devient l’ultime espace de liberté.
La « Vénus anatomique » à Landerneau
« J’ai voulu profiter de ce projet pour montrer une majorité
d’oeuvres qui sont dans des réserves ou des collections inaccessibles »,
explique Laurent Le Bon, commissaire de l’exposition « Cabinets de
curiosités » au Fonds Hélène et Edouard Leclerc de Landerneau, du 23
juin au 3 novembre, avec le concours de Patrick Mauriès. Il en va ainsi
de la Vénus anatomique prêtée par le musée d’Anatomie de Montpellier, un des plus beaux cabinets d’anatomie d’Europe avec la Specola de Florence.
Outre
une dizaine d’objets des Médicis, en prélude, il y aura aussi le fameux
trompe-l’oeil de Domenico Remps prêté par le musée de l’Opificio delle
Pietre Dure de Florence, une série d’oeuvres choisies par Antoine de
Galbert (fondateur de la Maison rouge, à Paris), et des installations
des artistes contemporains Miquel Barceló, Jean-Jacques Lebel et Théo
Mercier. Et puis, en « vanité finale », la collection de sabliers de
Jacques Attali, mise en abyme avec une oeuvre du photographe allemand
Andreas Gursky. Sans compter la chapelle de la famille Leclerc, où la
mère de Michel-Edouard expose sa collection d’objets religieux…
Quatre hauts lieux de la curiosité
À Paris : Le Muséum national d’Histoire naturelle, avec sa collection de 66 millions d’objets, dont 43 millions d’insectes.
Dans les Deux-Sèvres : Le château d’Oiron, qui abrite la collection d’art contemporain Curios & Mirabilia.
À Rennes : Le cabinet de curiosités du président de Robien reconstitué au musée des Beaux-Arts de la ville.
En Autriche : Le château d’Ambras de l’archiduc Ferdinand II, au sud d’Innsbruck.
(1) « Cabinets de curiosité », Patrick Mauriès, Gallimard (2011), 260 p., 18 EUR. Exposition à Landerneau, du 23 juin au 3 novembre. www.fonds-culturel-leclerc.fr@PierredeGasquet
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